Que l’on fasse parti de l’entourage d’un parent kafil ou qu’on l’est nous-même, il est parfois difficile de ne pas faire de « boulette » même si nos intentions ne sont pas mauvaises à la base. « Est-ce un enfant du péché ? » ou bien encore  » Il ne vous ressemble pas du tout « , tant de remarques désobligeantes qui peuvent vous porter atteinte ainsi qu’à l’enfant recueilli.

Après de longs mois voire de longues années de réflexion, vous ou un proche avez finalement décidé de sauter le pas : recueillir un enfant qui n’a ni père ni mère. Pour la personne qui prend en charge l’enfant, l’euphorie qui suit une telle décision peut vite faire oublier comment faire face à ce bouleversement tant pour la famille d’accueil que pour l’enfant recueilli. Quant aux proches de la famille qui accueille, comment faire pour accompagner au mieux ce renouveau et ne pas desservir le processus d’adaptation ? C’est ce que nous allons essayer de voir dans cet article.

L’entourage

L’enfant recueilli : bien choisir ses mots en tant que proche de la famille d’accueil.

On le sait bien, vous avez toutes les bonnes intentions du monde concernant les orphelins et plus largement les enfants quels qu’ils soient. Mais parfois le manque de réflexion sur l’attitude à adopter ainsi que la méconnaissance de l’état psycho-affectif d’un enfant peuvent provoquer un malaise voire le germe d’un mal-être chez le petit garçon ou la petite
fille prise en charge. Par exemple la question « Tu es content maintenant ? » n’est pas la meilleure à poser à un enfant qui vient d’être recueilli par une personne de votre entourage.

En effet, sa vie est chamboulée et il doit s’approprier cette nouvelle famille qui lui tend les bras pour une raison qu’il n’arrive pas encore à cerner. Cette question peut également le culpabiliser parce que, non, en tant qu’enfant, on ne ressent pas forcément une joie irrépressible de vivre avec des inconnus, même s’il y a eu des rencontres auparavant. L’enfant se force donc à paraître heureux parce qu’il est sensé l’être. Il faut au contraire comprendre que l’adaptation est un processus plus ou moins long et que les liens se créent d’une façon différente selon les individus.

On conseillera plutôt de rassurer l’enfant, de lui souhaiter la bienvenue et de ne surtout pas voir cet être comme une bonne action ambulante forcée d’exprimer sa reconnaissance à chaque expiration. N’oubliez pas, avant d’être orphelin, c’est un enfant qui mérite comme tous les autres de recevoir de l’amour et du respect de manière inconditionnelle.

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Encourager la famille d’accueil

Bientôt, un de vos amis ou un membre de votre famille accueillera un enfant qui n’a pas eu la chance de rencontrer ou de garder ses parents. Parfois, même si on n’est pas directement impliqué dans cette prise de responsabilités, on a tendance à imposer à la famille qui a pris cette décision, toutes ses angoisses et ses aprioris sur la question. Gardez en tête que c’est une noble entreprise. Si vos proches sont des personnes d’une grande éthique et dotées d’une belle morale, il faut alors placer sa confiance en Allah.

Invoquez-Le pour que cette kafala soit un bien pour l’enfant, les accueillants ainsi que pour la oumma. En effet, la jeunesse d’aujourd’hui est le monde de demain et lui prodiguer la meilleure des éducations n’est pas seulement un cadeau qu’on leur fait à eux mais également un bon placement pour le futur. Soyez donc optimiste et aidez les personnes de votre entourage lors de cette étape importante de leur vie en leur rappelant les multiples bienfaits de la kafala.

La famille d’accueil

Montrer que ce n’est pas la dernière option

La famille qui accueille un orphelin subit énormément de préjugés. Elle est souvent vue comme désespérée et n’ayant aucun autre choix pour vivre la parentalité. Que cela soit vrai ou faux vous concernant, ne laissez en aucun cas transparaître cela dans vos paroles lors de discussions avec l’entourage. Il y a des effets extrêmement insidieux lorsque l’on dévalorise inconsciemment son choix de kafala devant les autres.

Si vous-même vous ne voyez pas l’enfant que vous recueillez comme la plus belle chose qu’Allah vous ait donnée, comment votre entourage aura de l’estime pour cet enfant ? Donner de la valeur à ce choix c’est donner de la valeur à l’orphelin que vous accueillez chez vous. Votre entourage ne se permettra donc pas de négliger son comportement envers cet enfant. Évitez par exemple les expressions comme « c’est déjà ça… ». Montrez plutôt que vous êtes comblé par cette kafala et que vous vous engagez à assurer tous les droits de cet enfant.

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Les questions indiscrètes : comment réagir ?

« C’est un enfant du péché ? » Très souvent, et cela arrive beaucoup au Maghreb, les enfants abandonnés sont des enfants issus de relations hors mariage. Il est inutile de préciser qu’ils subissent une discrimination qui peine à diminuer malgré le temps qui passe. En effet, bien que ces enfants ne disposent pas des mêmes droits notamment en termes d’héritage, cela ne diminue en rien leur dignité. Ils sont innocents des actes dont ils ne sont pas responsables. Allah dit dans le coran : « Et nul ne portera le fardeau d’autrui » (17/15).

Cette question posée parfois par pure curiosité peut dans d’autres cas être révélatrice d’un jugement sur la nature profonde de l’enfant. Défendez toujours l’honneur de votre protégé et rappelez à votre entourage les paroles divines. Faites-leur également comprendre et de manière courtoise qu’il ne convient pas de parler ainsi d’un enfant innocent. Aussi, n’ayez pas honte de l’origine de l’enfant que vous recueillez. Comme dit plus haut, il n’est en rien responsable de cela et plus vous essayerez de cacher la vérité et plus l’enfant sera blessé dans le futur. Pensez toujours aux conséquences de ce que vous dites et également de ce que vous ne dites pas.

Pour finir, avoir les mots justes n’est pas toujours chose aisée et y parvenir demande de la réflexion et de la sagesse qui s’acquière grâce au temps et à l’expérience. Le principal est de garder en tête ses bonnes intentions et de protéger et faire grandir l’enfant dans les meilleures conditions possible. Nous pouvons parfois être sujet à des maladresses de manière inconsciente mais ne culpabilisez pas. Les bonnes intentions produisent les meilleurs fruits.