La Kafala et la différence de couleur

Par Nawal IOUIRI 

Beaucoup de familles d’adoptants se construisent autour de certaines valeurs et idées reçues concernant la kafala et organisent alors un schéma familiale qui lui est propre, notamment en ce qui concerne la couleur de peau. Ceci afin d’éviter les relations conflictuelles avec l’entourage, empêcher le regard interrogateur des autres, et, par conséquent, persuader les autres d’une filiation à part entière. 

Il faut réagir dès la première remarque désobligeante. Ne vous laissez pas faire. En grandissant, l’enfant peut être marqué par toutes les remarques et les mauvais regards qu’il aura subit, mais par-dessus tout, il se souviendra de votre attitude de défense ! expliquez à ces personnes que leur comportement est intolérable et qu’aucun enfant ne devrait subir de telles paroles ou de tels actes. 

Cela s’apparente à du racisme et cela est strictement interdit en Islam, comme nous l’a spécifié le prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) : « Ô vous les gens ! Certes votre Seigneur est unique et certes votre père est unique. Il n’y a pas de mérite pour un arabe sur un non-arabe, ni pour un non-arabe sur un arabe, ni du rouge sur le noir, ni du noir sur le rouge si ce n’est par la piété. Certes celui d’entre vous qui est le plus noble auprès d’Allah est celui qui est le plus pieux. »

Quel que soit l’enfant que vous accueillerez, il ne sera jamais le votre par le sang et vous ne serez jamais ses parents biologiques. Vous serez plutôt une figure bienveillante et un repère pour lui. Vous lui permettrez d’avoir une vie meilleure et vous vous porterez garants de son bien être toute votre vie.  vous comblerez le manque de vos vies respectives. Un orphelin reste un orphelin, qu’importe son ethnie ou sa couleur de peau, il sera heureux de vous avoir trouvez. 

Gardez à l’esprit que la maternité (et la paternité) ne concerne pas uniquement les liens du sang. Il s’agit en premier lieu de la rencontre de deux êtres inconnus qui créeront ensemble des liens très forts, tout au long de leur vie, pour l’amour d’Allah azzawajel. 

Voyons maintenant le point de vue de Leila, haïtienne adoptée à l’âge de 8 mois par une famille blanche et chrétienne, elle nous livre son expérience personnelle et donne quelques conseils aux futurs adoptants. 

Son histoire est particulière car ses parents ont des enfants biologiques plus âgés et plus jeunes. Son sentiment (de non-appartenance) s’est alors accentué car la différence physique était flagrante et les réflexions de son entourage proche ou encore dans la rue ou au lycée était déplacé (bouche pulpeuse, formes développées). Elle a fait face malgré tout mais elle a souffert de ces regards et de ces paroles qui pointaient du doigt son ethnie différente. 

Selon Leila créer un environnement sain est primordial et réconfortant pour l’enfant. Il faut entretenir les liens avec son pays d’origine en lui apprenant la culture, la langue, car ceci lui permettra de mieux s’intégrer au sein de la famille et de se sentir accepté à part entière. Elle préconise une adoption dans une même zone géographique ou ethnie car les liens s’établiront plus facilement, avec moins de souffrance. 

Enfin, elle estime que la différence de couleur de peau ne présente aucun problème au sein d’une même ethnie car la culture commune créée un rapprochement immédiat et plus facile.